L’intensité émotionnelle source d’éloignement
L’intensité émotionnelle est souvent source de tensions au sein du couple. Les deux partenaires subissent la situation.
Celui ou celle qui subit l’émotionnel débordant de son/sa conjoint.e peut ne pas comprendre cette disproportion apparente entre la situation et l’intensité. Iel peut commencer par essayer de soutenir, de contenir, mais se sent rapidement dépassé.e et démuni.e, et finit souvent par être lassé.e de ce trop plein émotionnel. Iel aurait sans doute besoin d’apaisement dans les échanges.
Celui ou celle qui subit ses propres émotions peut se sentir incompris.e, puis se sentir seul.e face à cet émotionnel envahissant. Iel aurait sans doute besoin de soutien.
C’est ainsi que l’intensité émotionnelle peut engendrer une distance entre les deux partenaires. Le couple peut alors s’enliser dans l’éloignement, un manque de soutien et de connexion.
Dialoguez au sujet de vos émotions
Dans un couple, la compréhension mutuelle est essentielle. Elle mène à l’empathie et au soutien possible. C’est la première étape pour trouver des solutions ensemble afin de faire face ensemble au débordement émotionnel.
Pour faciliter la compréhension de votre partenaire, je vous invite à vous expliquer mutuellement ce qui se passe pour vous avec cette intensité émotionnelle. Expliquez ce que ça vous fait quand vous vous sentez débordé.e par une émotion. Expliquez ce que ça vous fait quand votre partenaire vous semble envahi.e par l’émotion.
« Quand je sens monter en moi la colère, je n’arrive plus à contrôler ce qui se passe. L’envie de crier devient incontrôlable. Je me sens tellement incompris.e et seul.e. Je ne fais pas exprès, je subis cette situation. Alors quand je entends que tu me le reproche, je trouve ça injuste et je me sens encore plus seul.e. J’aimerai être soutenu.e pour m’aider à ne plus subir cela. »
« Quand tu commences à crier, je me dis que c’est foutu, on va encore s’engueuler. Alors je finis par ne plus rien dire pour ne pas envenimer la situation. Mais je me sens frustré.e à force de me taire. J’aimerai que tu comprennes que c’est pas facile pour moi de subir tes émotions. Et je ne comprends pas pourquoi tu t’énerve pour des sujets qui, selon moi, n’en valent pas la peine. J’aimerai qu’on arrive à parler calmement des choses. »
Clarifiez aussi ce qui provoque ces montées émotionnelles. Est ce que ça vient d’un événement de couple qui a généré de la rancœur ? Est ce lié à une façon de faire dans votre famille ? Est ce que vous vous sentez épuisé.e en ce moment ? Est ce que vous vous sentez seul.e dans votre couple ?
Quand vous entendez les explications de votre partenaire, il est important de ne pas juger son émotion ni son intensité. Il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de réagir. On fait tou.te.s de notre mieux en fonction de notre vécu, de notre capacité à gérer les choses dans l’instant. Quand notre partenaire juge notre émotion en disant qu’on ne devrait pas réagir comme ça, on se sent incompris.e et seul.e, alors qu’on aurait besoin de soutien pour faire face à quelque chose qui nous déborde. Il est donc important d’accepter les limites de notre partenaire.
« Ok tu n’arrives pas à gérer quand tu te sens en colère, je comprends que ça te déborde, que tu te sens impuissant.e. et que tu aimerai du soutien. Que puis je faire pour t’aider ? Je ne sais pas ce que je peux faire si je suis moi même agacé.e en voyant ton intensité émotionnelle, mais on peut y réfléchir ensemble ? »
L’idée est de chercher ensemble des solutions concrètes pour éviter de générer ce débordement émotionnel et pour apaiser lorsque les émotions sont débordantes. En listant le sujets sensibles qu’il faut aborder avec précautions par exemple. Cherchez aussi des solutions pour soutenir quand le débordement émotionnel est là.
Montrer sa vulnérabilité
Souvent, les couples n’osent plus montrer leur vulnérabilité l’un à l’autre. C’est le résultat d’un éloignement, d’une distance qui s’est installée. On assiste donc à une sorte de lutte de pouvoir avec un rapport de force autour de qui a raison et qui a tord, avec des jugements et des interprétations.
« Tu t’énerves pour un rien, tu es instable ! »,
« Tu es fort en critiques mais tu n’es pas mieux, tu fuis toujours la discussion ! »
Pour se soutenir l’un l’autre, il est important de prendre conscience que ces formes de communication ferme le dialogue et nuise à la relation. Transformer sa façon de s’exprimer pour une communication bienveillante nécessite de tomber les armes et de vous considérer l’un et l’autre comme des partenaires, des partenaires qui font de leur mieux.
« Je suis tellement épuisée. J’ai honte, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je devrais être capable d’assurer. Tu le fais bien toi… Je n’ai pas envie que tu sois obligé d’en faire plus parce que je n’y arrive plus. J’ai l’impression que je n’arriverai jamais à me relever. »
« Ça me rend si triste de te voir comme ça. J’aimerai pouvoir t’aider et j’essaie, mais ça n’a pas l’air de t’être efficace. Je me sens démuni.e, j’aimerai savoir comment te soutenir. Je crains aussi de ne pas réussir à supporter que que je doive en faire plus et rogner sur ce qui me fait du bien. »
On a plus envie de soutenir une personne qui livre ses émotions et ses difficultés qu’une personne qui formule des reproches. Je vous invite donc à exposer un peu de votre vulnérabilité à votre partenaire pour vous rapprocher l’un et l’autre dans cette période difficile.
Les émotions source de soutien et de connexion
Je vous propose de transformer cette situation en faisant de vos émotions des occasions de nourrir vos besoins de soutien et de connexion !
Voici comment faire:)
1ère version :
(Dans le cas où le partenaire être en capacité et est d’accord pour soutenir activement)
1. Échangez sur les outils qui semblent le mieux vous correspondre.
2. Entraînez vous ensemble à les pratiquer dans votre quotidien pour qu’ils deviennent aisés pour chacun.e.
3. Quand l’émotion commence à vous déborder, deux façons de faire pour pratiquer ensemble l’un des outils choisis.
Soit celui qui n’est pas débordé émotionnellement le propose à son/sa partenaire, soit c’est celui/celle qui est dans l’émotion qui le demande :
« J’ai l’impression que l’émotion commence à être forte pour toi, veux tu qu’on fasse ensemble une respiration d’urgence ? »
« Peux tu m’aider à redescendre un peu en émotion en comptant à l’envers avec moi ? »
2ème version :
(Dans le cas où le partenaire n’est pas en capacité et/ou n’est d’accord pour soutenir activement)
1. Échangez sur les outils qui semblent le mieux vous correspondre.
2. Chacun.e s’entraîne à pratiquer ces outils..
3. Quand l’émotion commence à vous déborder, deux façons de faire pour pratiquer les outils choisis.
Soit celui qui n’est pas débordé émotionnellement le propose à son/sa partenaire, soit c’est celui/celle qui est dans l’émotion qui le demande :
« J’ai l’impression que l’émotion commence à être forte pour toi, veux tu aller faire une marche consciente pendant que je garde les enfants et on en reparle plus tard ? ».
« J’ai besoin d’aller faire une marche consciente pour baisser l’intensité de mon émotion, peux tu rester avec les enfants pendant que je sors 10 minutes ? »
Partenaires dans l’apprentissage
La mise en place de ces nouvelles habitudes prend plus ou moins de temps. Cette période d’apprentissage peut être difficile à vivre car le vécu émotionnel peut rester intense. Vous ressentirez peut être à nouveau incompréhension, éloignement, et aussi découragement.
Je vous invite à faire de cette période une source de soutien et de connexion en vous considérant l’un l’autre comme partenaires dans l’apprentissage.
D’une part, gardez à l’esprit que chacun.e a besoin de temps pour s’approprier les outils avant de pouvoir réellement en bénéficier dans le couple. Je vous invite à la patience et à l’empathie.
D’autre part, partagez sur vos mises en pratique en revenant sur les expériences vécues afin de vous ajuster :
« Comment as tu vécu le moment hier où on a essayé de mettre en place cet outil de régulation émotionnelle ? »,
« De mon côté, j’ai été plutôt surpris.e de voir que tu/je redescendais dans l’intensité émotionnelle. »,
« Je n’ai pas été à l’aise à pratiquer cet outil avec toi, j’ai bien vu que ça t’avais aidé mais j’ai gardé de l’agacement pour ma part, peut être pourrons nous essayer un autre outil qui nous correspond à tous les deux ? ».
Et n’oubliez pas de vous remercier pour ce soutien : « Merci de m’avoir suggéré d’aller pratiquer la marche consciente et d’avoir préparé le repas pendant ce temps là, ça m’a permis de bien redescendre en intensité émotionnelle. »
Avec ce partenariat de régulation émotionnelle, votre couple subira moins les émotions intenses et vous gagnerez aussi en soutien mutuel et en connexion !