Le soutien face à nos blessures respectives
Nous avons tous des blessures d’enfance. Et elles trouvent une place non négligeable dans les tensions que nous rencontrons dans nos relations de couples. C’est aussi souvent ce qui peut amener un couple à se séparer.
Qu’est-ce qu’une blessure d’enfance ?
Pas besoin d’avoir vécu de gros traumatismes pour avoir des blessures d’enfance. Aucun parent n’est parfait donc aucun parent ne peut nourrir tous les besoins de leurs enfants. Tous les parents font des erreurs. S’ajoute à cela le fait que le cerveau des petits ne permet pas de gérer les émotions avant 5 ans et que jusqu’à l’âge adulte ça reste compliqué puisque le cerveau ne finit sa croissance qu’à 25 ans. Ce qui fait qu’on peut avoir un souvenir très douloureux d’un simple retard de nos parents ou juste d’un mot plus haut que l’autre.
On peut avoir une blessure d’enfance suite à un événement en particulier. Par exemple, votre maman vient vous chercher à l’école en retard alors que vous aviez grand besoin de soutien affectif suite à une dispute avec votre meilleure amie, vous pouvez développé à l’âge adulte des angoisses au moindre retard de vos proches.
Une blessure d’enfance peut aussi se nourrir d’un besoin qui aura souvent été en manque dans nos relations avec nos parents. Par exemple, si nos parents sont peu démonstratifs de leur affection, on peut développer à l’âge adulte un besoin immense d’affection que le conjoint aura du mal à nourrir.
Comment les blessures d’enfance interfèrent dans nos relations de couple ?
C’est très souvent dans le couple que vont se manifester nos blessures d’enfance. Car c’est le lieu ou nous sommes le plus nous même avec le plus d’intimité.
On reconnaît une blessure d’enfance à notre incapacité à gérer son impact dans le présent. Ce qui peut aussi être du à un traumatisme de l’âge adulte. Quand notre conjoint va activer sans le savoir, par une parole ou un comportement, notre blessure d’enfance, nous allons comme suréagir, de façon qui semble démesurée. L’intensité de la réaction va surprendre et et générer de l’incompréhension pour le partenaire. Iel ne va pas comprendre pourquoi son conjoint réagit aussi vivement dans la situation. Il peut avoir des jugements dans ce cas : « Tu exagères », « C’est pas aussi dramatique » etc.
L’intensité de la réaction est du au fait que nous ne réagissons pas en tant qu’adulte quand notre blessure d’enfance est activée, nous réagissons en tant qu’enfant à l’époque de la blessure. Avec la maturité émotionnelle de l’enfant que nous étions à l’époque. D’où une réaction qui peut surprendre par son intensité au regard de la situation.
Faut-il se guérir avant de se mettre en couple ?
J’entends souvent qu’il faut s’aimer soi même avant de pouvoir aimer ou encore qu’il faut travailler sur soi avant de pouvoir être heureux en couple. Je ne partage pas vraiment ces principes. Certes, le travail personnel est important pour dépasser nos difficultés et développer soi même son estime personnelle peut avoir de vraies répercussions dans le couple.
Cependant, je crois aussi que c’est culpabilisant de se dire qu’il faut attendre d’atteindre un certain niveau de guérison pour se permettre d’être en couple. Attendre quoi d’ailleurs ? On apprend toute sa vie et rares sont ceux qui deviennent parfaits !
Je crois aussi ce que dis Harville Hendrix, fondateur de la méthode de couple Imago : « Nous sommes nés dans un contexte relationnel, nous avons souffert dans un contexte relationnel, et nous devons guérir dans un contexte relationnel. Nous ne pouvons guérir pleinement en dehors d’un tel contexte. » Le couple peut donc être source de guérison.
Comment le couple peut contribuer à guérir ses blessures d’enfance ?
Il s’agit d’abord de mettre de la conscience sur nos blessures. Ensuite, il s’agit de les exprimer à notre partenaire. L’idée étant d’expliquer que dans telle situation, cela vous renvoie à tel événement ou tel façon d’agir de vos parents et que cela vous avait fortement blessé à l’époque, et que vous en êtes encore très touchés.
L’important pour le partenaire est de comprendre que, lorsque la blessure est activée, sans le vouloir rappelons le, son conjoint ne parviendra pas ou peu à gérer la situation de façon rationnelle. Iel a besoin de soutien dans ce cas là.
En thérapie, une partie du travail consiste à accompagner le couple dans cette compréhension mutuelle et aussi à trouver comment faire quand ça arrive : que peut faire la personne touchée dans sa blessure ? et comment son conjoint peut le soutenir ?
Par exemple, si l’un des 2 a été blessé par un manque de valorisation, son partenaire peut apprendre à valoriser régulièrement ses actions. Cela va contribuer à guérir la blessure d’enfance, limiter les tensions dans le couple et contribuer au bonheur des 2. L’un parce que son besoin est enfin nourri, et l’autre parce qu’il voit combien il contribue au bonheur de sa moitié.