De nouvelles habitudes
Certain.e.s peuvent penser que la régulation des émotions n’est pas naturelle, et qu’« il faut rester soi même ». En réalité, nous apprenons toutes sortes de choses durant notre enfance qui cadrent nos comportements. C’est notamment le cas des convenances sociales. Elles nous permettent de vivre ensemble, de faire attention les uns aux autres.
Il en ai de même pour nos apprentissages scolaires. Apprendre à compter, lire, et écrire nous permet de développer nos savoirs et notre autonomie, notre liberté de choix. Ces apprentissages nous offrent la possibilité de choisir ce que nous voulons vivre : notre profession, nos passions notamment.
C’est le même principe pour nos émotions : quand elles nous envahissent, elles ont tendance à nous handicaper et à limiter notre liberté de choix. Apprendre à mieux les comprendre et à réguler leur intensité nous permet de reprendre du pouvoir dans notre vie.
Ces outils sont ainsi considérés comme de nouvelles habitudes dans votre quotidien. Je pense que nous devrions tou.te.s apprendre ces outils et leur trouver une place dans nos vies. Appris dès l’enfance, ils donneraient cette impression d’être naturels. Notre société n’aurait pas le même visage, les comportements et les relations ne seraient pas les mêmes…
La bonne nouvelle c’est qu’on peut aussi les découvrir à l’âge adulte et les adopter dans nos habitudes.
Les apprendre en couple peut être une source de connexion, comme quand on pratique un sport ou tout autre activité à deux.
La plasticité cérébrale
On peut remercier pour cela la plasticité cérébrale. Le cerveau est capable de s’adapter en permanence. Non seulement, il créé des neurones tout au long de la vie, contrairement à ce que l’on pensait, mais il est aussi capable de se remodeler en fonction des expériences vécues. Il peut même compenser des lésions, en développant la capacité auditive par exemple quand la vue disparaît.
C’est cette capacité qui est en œuvre quand on apprend une nouvelle pratique. L’apprentissage de la guitare en est un bon exemple. Au début, nos doigts ne savent pas comment se déplacer sur la guitare. Puis, au fur et à mesure d’une pratique régulière, notre cerveau a développé des nouveaux schémas neuronaux pour que nos doigts jouent sur l’instrument sans que nous ayons à le penser. Le geste donne alors l’impression d’être « naturel ». C’est l’effet de la plasticité cérébrale !
Profitons donc de ce talent inné et pratiquons ces outils de régulation émotionnelle pour en faire nos alliés au quotidien:)
La mémorisation
Avant même l’apprentissage pour se familiariser avec la pratique de ces outils, votre cerveau a parfois besoin de se rappeler de l’existence de cet ou ces outils. Combien de fois avez vous découvert une notion que vous estimiez intéressante que vous avez oublié le lendemain ? Nous sommes bombardés d’informations en tout genre continuellement. Et nos rythmes de vie ne facilitent pas les choses.
Pour que votre cerveau se souvienne du ou des nouveaux outils que vous avez choisis d’apprendre et d’utiliser pour réguler vos émotions, voici quelques idées :
Scotchez le nom des outils sélectionnés sur votre frigo, miroir de salle de bain, porte d’entrée, escalier…
Puis, au bout de quelques jours, scotchez une phrase vous invitant à répéter dans votre tête ou à haute voix cet ou ces outils
Créez une alarme qui sonnera 3 à 4 fois par jour sur votre portable avec le nom du ou des outils choisis.
Puis, au bout de quelques jours, créez une alarme qui vous invitera à répéter dans votre tête ou à haute voix le nom de cet ou de ces outils.
Déposez un petit carnet sur votre table de chevet ou à côté de votre lavabo par exemple, et écrivez matin et soir le nom du ou des outils que vous avez choisis.
Interrogez-vous chaque jour avec votre partenaire pour vous remémorer ces outils.
Visualisez-vous en train d’utiliser et de profiter pleinement de ces outils lors d’une intensité émotionnelle.
Ces techniques de mémorisation s’appuient sur les principes de répétition et de visualisation, deux techniques qui ont fait leurs preuves auprès des sportifs, des techniciens ou des étudiants. L’objectif est que vous développiez ce réflexe : votre cerveau créé la pensée de ces outils quand vous en aurez besoin.
L’entraînement
Passons maintenant à l’apprentissage de ces outils d’un point de vue pratique. Je vous invite pour cela à une pratique progressive :
Testez et choisissez vos outils privilégiés, ceux qui vous correspondent le mieux.
Commencez par les pratiquer dans un contexte où vous n’êtes pas stimulé.e par vos émotions.
Augmentez progressivement le niveau de stimulation pour votre entraînement.
Profitez de cet apprentissage dans les moments difficiles.
Il est important de ne pas essayer tout de suite les outils dans un contexte où l’émotion peut être forte. Votre cerveau doit d’abord comprendre que cet outil lui est profitable pour pouvoir lui laisser de la place dans une situation tendue. Le temps est variable d’une personne à une autre, de quelques jours à quelques semaines, généralement 2 à 3 semaines peut être une moyenne d’apprentissage de nouvelles habitudes. Observez vos réactions pour évaluer votre apprentissage.
L’engagement
Avant tout, je vous invite à considérer ces outils comme des solutions pouvant vous aider face à l’intensité émotionnelle et à vous engager à ce changement dans votre quotidien par ce temps d’apprentissage.
Cette période peut être inconfortable car cela demande de consacrer de l’énergie et du temps alors que les résultats peuvent mettre un peu de temps à être visibles. Dans les moments de découragement, je vous suggère de vous rappeler que l’immobilité nous laisse dans nos difficultés, c’est l’action qui nous aide à changer de qui nous déplaît et nous permet de vivre ce dont nous avons envie.
Mais le résultat à la clé est de vivre une vie qui vous plaît et une vie de couple harmonieuse et connectée !